Les vins de la Moselle ont enfin leur concours

Luxembourg, Allemagne, France : même combat ! Les trois pays se sont mesurés hier, au Smahrt, dans le cadre du concours international des vins de la Moselle. Une première attendue. Mais largement perfectible.

Trois cent cinquante kilomètres séparent la cathédrale de Toul et le Palais du Prince électeur de Coblence. La distance permet de mesurer l’immensité d’un terroir, celui des vins de la Moselle. Il ne faisait qu’un, du temps des Romains. Aujourd’hui, trois pays se le partagent. Quelques bonnes volontés ont décidé de le réunir à nouveau, le temps d’un concours. Une première. « C’est un vieux projet, mais personne ne l’a jamais concrétisé », savoure Eugène Zirn, grand organisateur du Salon des métiers de l’alimentation et de l’hôtellerie-restauration (Smahrt) pour Metz-Expo. « Maintenant que tout le monde est aux normes européennes, c’est plus facile », ajoute Roland Rohn, de l’association Concours européen des vins de la Moselle. Cette dernière a obtenu l’agrément du ministère de l’Agriculture.

« Le mérite d’exister »

« Ce concours, c’est la récompense des énormes efforts entrepris ces dernières années par les viticulteurs de la vallée de la Moselle », présente Jean-Marie Siegrist, président de l’association. Elle a réuni un jury composé de trente spécialistes. Mais dont le défaut est d’être uniquement franco-français. De la même manière que les bouteilles dégustées provenaient essentiellement de l’AOC Moselle luxembourgeoise, seule à avoir vraiment joué le jeu. Elle représentait 17 des 26 vignerons participants. La France n’en comptant que 5 (5 de l’AOC Moselle et 2 de l’AOC Côtes de Toul) et l’Allemagne, 2. « On peut effectivement regretter le peu de candidats français et allemands mais nous en prenons une part de responsabilité à cause d’une communication trop tardive. Ce concours a désormais le mérite d’exister », appuie Jean-Marie Siegrist.

Hier, 44 bouteilles du millésime 2014 ont été dégustées à l’aveugle. Roi de la vallée, l’auxerrois était le plus représenté. Devant le pinot gris, le pinot blanc et le riesling. Seulement trois bouteilles de rouge ont concouru. Quinze médailles ont été attribuées. Sur les neuf en or, Luxembourg et France se sont partagé le podium, avec quatre chacun. L’Allemagne a été primée pour son pinot noir. Et le débat sur la prétendue supériorité viticole allemande n’a pas été tranché. « Ils ont de grandes maisons où passent des œnologues. Certains de leurs riesling valent une fortune et s’exportent dans le monde entier », estime un admirateur. « Les Français n’ont plus à rougir. Notre vignoble part de très bas mais il est en plein renouveau », lui répond son voisin. Une affaire de goût.

Philippe MARQUE.
Le Républicain Lorrain, 13/10/2015

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